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Soundgarden: Live on I-5

Quelle audace ! A l’heure ou l’industrie du disque crève la gueule ouverte, Soundgarden, groupe défunt depuis 1997, s’offre le luxe d’exhumer un album live enregistré une année avant leur split. Après deux compilations quasi inutiles, Live on I-5 comble une lacune dans la discographie du groupe de Seattle puisque celui-ci n’a jamais sorti de concert officiel de son vivant. Sur le papier, même si ce disque semble sortir trop tard et de nulle part, un album live de Soundgarden reste une bonne nouvelle. Pourtant, en ayant le disque entre les mains, l’enthousiasme retombe aussitôt. En effet, Live on I-5 n’est pas un concert complet mais une compilation de morceaux enregistrés tout au long de la dernière tournée du groupe encore en activité. On retrouve tous les grands titres du groupe captés à Vancouver en passant par Del Mar pour finir dans d’autres villes américaines dont évidemment Seattle.

Mais entre les oreilles, ce malheureux concert tronçonné prend une toute autre dimension. Dès le riff ravageur de Kim Thayil sur Spooman accompagné par la frappe sèche de Matt Cameron à la batterie, on s’aperçoit à quel point Chris Cornell et sa bande nous ont manqué. De Louder than love (1989) au crépusculaire Down on the upside (1996), Live on I-5 revisite toute la carrière du groupe. Et qu’importe si ce live froisse nos lubies complétistes, la musique est là.

Et Chris Cornell… en plus d’avoir une belle gueule et d’être un excellent guitariste, il prouve tout au long de ce disque qu’il est un chanteur pharamineux. Tel un sorcier à la voix douce et inquiétante, Cornell fait monter la tension sur les riffs lourds et oppressants de Kim Thayil jusqu’à une explosion d’hurlements libérateurs et de solos psychédéliques.

Live on I-5 englobe tous les célèbres titres du groupe. L’incontournable Black hole sun, qui leur fit gagner un Grammy award pour leur album Superunknown (1994), est évidemment présent. Ce live réserve aussi de belles surprises puisqu’on se régale  en découvrant la dantesque reprise de Search and destroy des Stooges enregistrée à Seattle. Plus surprenante encore est celle d’Helter Skelter des Beatles puisqu’elle est jouée sur un groove extrêmement lent et s’enchaine sur le magnifique dernier titre de Down up the outside, Boot Camp.

L’inévitable Jésus Christ Pose clôture cet album testament. Tout comme les membres de Soundgarden réunis pour le mixage de cet album, on est abasourdi d’écouter un groupe jouant aussi fort et bien alors que des dissensions irréversibles se soient infiltrées dans le groupe pour le mener à sa perte. Et on ne peut qu’être nostalgique  d’une période où des groupes tels que Pearl Jam, Nirvana, Alice in chains et bien entendu Soundgarden se partageaient la tête d’affiche en vendant des millions d’albums. Sans prendre la pose de Jésus-Christ, une résurrection du mouvement grunge s’impose.